La démission du Pape Benoit XVI a fait grand bruit à travers le monde. Le pape a senti la fatigue et choisi la voie des sages pour dire qu’il n’en pouvait plus de tout le stress qui lui était imposé par sa fonction et qu’il aspirait à la paix pour affronter le grand-âge et se rapprocher de Dieu avec humilité dans sa dimension humaine, et non en tant que référent de millions d’individus.
Il a laissé sans voix tous ceux qui aspirent à l’immortalité et qui se laissent griser par la vie moderne ou il ne faut surtout pas montrer de défaillance. On doit être capable d’être au summum de sa forme en tout temps de peur d’être totalement disqualifié et classé parmi les rebuts de la société ; une violence inouïe qui occulte totalement et sciemment la dimension humaine donc par essence fragile de chaque individu et qui laisse très peu de chance aux malades, aux personnes âgées ou handicapées et aux pauvres.
Et voilà que cette décision de Benoît XVI hautement respectée et comprise en Afrique nous offre gracieusement François pour les pauvres et tous ceux qui sont laissés de côté pour quelque défaillance que ce soit. Et des défaillances, ce n’est pas ce qui manque sur le continent africain. L’arrivée de François, coïncide avec un moment de haute tension en Afrique comme la guerre au Mali, les multiples prises d’otages et tentatives d’attentats des djihadistes, la rébellion en République démocratique du Congo, les viols, le non-respect des droits des femmes, la pauvreté quasi endémique et structurelle, une situation sanitaire peu reluisante, et des gouvernants parfois dans des positions diamétralement opposées à toute évolution véritable des populations qui sont tenues pour ce qu’elles sont en réalité des handicapés sans grand espoir de guérison, puisqu’elles acceptent la pauvreté et la déchéance sans opposer une volonté nette du sursaut indispensable pour toute révolution comme celle de Benoit XVI qui montre le chemin de ne pas accepter d’être pris en otage par un système.
Après la révolution de Benoît XVI, la présence pragmatique et volontaire de François ne peut qu’être source d’espoir et d’exemple pour tous les catholiques africains et pour tous ceux qui ont l’esprit ouvert sur le monde. On remarque une véritable continuité : dire assez lorsqu’on n’en peut plus, puis avoir la capacité de se mettre dans des dispositions d’humilité, de franchise, de clairvoyance et d’amour afin de tendre la main à tous ceux qui en ont besoin, mais accepter aussi humblement de recevoir des autres. Comme le dit si bien l’adage, l’union fait la force.
Fatoumata KANE — Mars 2013
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