Nous assistons à un absurde débat sur l’acceptation ou non de la construction de mosquées dans certains pays européens puisque l’on ne peut parler de minaret sans mosquée. Cela dénote d’une peur de plus en plus visible, de plus en plus attisée par un flux migratoire important. L’Europe se sent envahie par les étrangers et les Européens craignent une infiltration insidieuse et silencieuse des cultures et croyances étrangères sur leurs terres.
Ce dialogue des minarets est à notre avis, intimement lié à celui de l’identité. Qu’est-ce qu’être Français d'origine Algérienne ou Sénégalaise ? Cette démarche individuelle fait partie des questionnements existentiels que tout individu se pose dès lors qu’il a conscience d’une appartenance culturelle forte à une communauté, mais lorsque l’on essaie de la transposer dans un cadre élargi au niveau national, elle pose un problème éthique qui sous-entend forcément la notion d’exclusion de ceux dont on pense qu’ils ne doivent pas faire partie de la communauté; elle devient alors une démarche d’exclusion et de marginalisation.
Au lieu de dénoncer l’absurdité d’un tel questionnement au niveau national pour des raisons d’opportunismes politiciennes, on rajoute celui des minarets dont la vue dérange.
Il est étonnant de voir des pays dits avancés, être si frileux sur des sujets si communs. Ceux qui sont à l’origine de la construction des mosquées et minarets ont la même nationalité que ceux qui les dénoncent et donc les mêmes droits. Ces derniers ou leurs aïeuls ont introduit le christianisme en Afrique et ailleurs où ils ont construit des églises sur des terres étrangères sans croire un seul instant qu’ils posaient un acte spirituel condamnable ou qu’ils dénaturaient l’architecture Soudano-Sahélienne ou Arabo-Persane de ces régions. Cela ne leur a jamais posé aucun problème.

Il y a vraiment plus important à débattre que ces questions parfaitement subjectives qui dénotent plus d’un manque d’ouverture culturelle, d’une absence de tolérance et d’un individualisme axé sur un égocentrisme déroutant, que d’une politique digne de grands États dont on attend autre chose.
Fatoumata Kane – novembre 2009
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