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  • kfatoumata

Disgrâce - Extrait

La vérité est différente du côté des journaux et des colporteurs de rumeurs, les destructeurs distillent des nouvelles croustillantes qui tiennent en haleine, la population assoiffée de ragots.

Justine, après une analyse approfondie de la situation, ne peut que décider de se battre, elle n’a plus d’amis, même la famille se montre réticente et méfiante. Tous pensent que les rumeurs ont bien un fondement et qu’on ne peut pas déférer quelqu’un au parquet pour rien !


Justine a pu lire dans les yeux de ses interlocuteurs qu’ils ne plaisantent pas lorsqu’ils lui présentent les montants demandés par les différents intervenants afin d’obtenir la mise en liberté provisoire de son époux ; elle décida seule, en prenant de gros risques, de se jeter dans la gueule du loup, car jamais Faly n’aurait abdiqué. Elle put convaincre les avocats de ne traiter de cette histoire de pots-de-vin qu’avec elle. En argent comptant elle leur remit le montant demandé. Faly avait déjà passé trois semaines derrière les barreaux. Au cours des visites quotidiennes, pour lui apporter ses repas et du linge propre, elle s’était rendue compte que là aussi, il fallait payer pour accéder rapidement à l’intérieur et ne pas croupir sous le soleil, il fallait payer les gardes non seulement pour accéder rapidement, mais moyennant des billets craquants, son époux pouvait bénéficier de son téléphone portable, il pouvait même sortir, comme bien d’autres, le soir pour aller prendre une bonne douche et partager le repas du soir à domicile. Tout est possible si l’on a les moyens de payer.


Les plus grands brigands bénéficient de traitements de faveur. Les petits délinquants sans moyens sont quant à eux soumis à un régime draconien.

La fausseté du côté des journaux est écœurante, ils ont occulté la véracité de ce qui s’est réellement passé, car au pays chacun a peur de réveiller l’ire du clan d’en haut donc la version officielle est presque toujours la bonne. Beaucoup se prosternent pour avoir les faveurs méprisantes du clan et ceux qui osent émettre des doutes prennent de grands risques, on peut décider de les briser de la manière la plus barbare et la plus indélicate.


Fatoumata KANE - Disgrâce - 2010


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