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kfatoumata

Mirages - Extrait

Ces arrivistes faisant fonction d’élites prenaient de plus en plus le pays en otage, les populations étaient prises en otage par leur condition de vie extrêmement rude, on leur exhibait un luxe insolent qui ne pouvait qu’accroître leur désarroi d’être du mauvais côté de la barrière.

Ces arrivistes donc, ayant perdu tout sens de la mesure et de la réalité, anéantissaient avec beaucoup d’impudeur et de désinvolture, la mémoire collective des populations, en ne laissant aucune place au rêve de la récompense du véritable travail fait consciencieusement. La valeur du travail n’était plus que chimères.

Pourquoi se tuer à travailler rigoureusement si les raccourcis sont là à portée de main, si ceux qui les empruntent sont ceux-là mêmes qui sont honorés, glorifiés et décorés au détriment de vrais travailleurs diplômés et valeureux ?


Comment rester au diapason de la morale et de la rigueur, alors que le nivellement par le bas est à la mode et que les trafics multiples sont les moteurs du développement personnel ?

Le développement de la nation était quant à lui une tout autre histoire ; de la poudre jetée aux yeux du monde : Quelques routes goudronnées et reprises tous les ans pour malfaçons, quelques bâtisses plus ou moins modernes sur une avenue centrale, des monuments, à l’effigie de héros pour lesquels, bien souvent, on n’avait aucune admiration et le tour était joué.

Lorsque par malheur, on bifurquait de l’avenue principale vers les ruelles des quartiers populaires, la misère s’étalait brutalement sous les yeux. Ces populations pouvaient-elles se plaindre de la misère ? N’étaient-ils pas nés pour être miséreux ?


Fatoumata KANE - Mirages - 2008





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